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« La fibre artistique de Bertrand Flour »

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« La Peinture »

            Bertrand Flour est féru de peinture, car en plus de sa formation à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, il a longtemps arpenté le Musée du Louvre. Attelé à dessiner les antiques en présence de Paul Guimezanes (second Prix de Rome de gravure et ancien membre de la Casa de Velázquez) dans le Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, sa fascination pour le Beau fut totale. Cet apprentissage « artisanal » du métier de peintre lui a permis à la fois d’acquérir les bases et une certaine rigueur. On le ressent surtout dans ses dessins au trait (stylo à encre), réalisés avec une extrême délicatesse, comparable à la pureté du marbre ; il est un artiste maniéré au même titre que Michel-Ange et Léonard de Vinci.

            Botticelli, Rembrandt, Rubens, Le Gréco, Ingres et tant d’autres maîtres illustres ont aussi nourri son imaginaire, alors qu’il était prédestiné aux arts graphiques informatisés. Son goût pour la Renaissance italienne ou bien l’École de Fontainebleau avec Clouet s’inscrit dans ses œuvres sur ordinateur ; Bertrand Flour ne faisant que mettre en exergue ses qualités de peintre.

             « Tout ce qui émane de mon être vient de cet amour inébranlable pour la peinture. »

Bertrand Flour et Paul Guimezanes au Musée du Louvre en 1988 - © Jacques Loïc

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« Méthode »

            « Mes images informatiques sont réalisées à la manière des Anciens, c’est-à-dire en montant progressivement et uniformément le fond en camaïeu (rouge) avant d’apposer la couleur (cette technique ancestrale de la peinture permet de rehausser le sujet avec des éclats de lumière), mais ma démarche artistique consiste surtout à sauvegarder les étapes successives liées au processus de création assisté par ordinateur. »

            J’utilise un « stylet électronique » ainsi qu’une « tablette graphique » pour dessiner de visu à l’écran en ayant au préalable défini un format arbitraire qui correspond à la dimension réelle de l’image imprimée.

            Les différentes fonctions internes du logiciel graphique utilisé me permettent ensuite de refondre mon image suivant des critères esthétiques qui ne sont pas si éloignés du classicisme pictural.   

            Une œuvre graphique informatisée est donc la résultante de maintes étapes successives au même titre qu’un tableau de maître, c’est pourquoi je me concentre avant tout sur l'arborescence du sujet.

            L’impression numérique est la phase finale nécessitant également un savoir-faire pour matérialiser mes images, car les machines ne sont que de vulgaires outils que le plasticien doit manipuler avec aisance. »

            Bertrand Flour, dans la lignée de David, se distingue en raison de son goût pour la modernité.

            « Je suis effroyablement classique malgré ma fascination pour les arts électroniques. »

            « J’aspire à un art nouveau aux résonances picturales. »

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« Art et Médecine »

            Bertrand Flour aime décortiquer le corps humain parce qu’il renferme la vie. Une matière rare que l’intellect sublime au gré des fantasmes. Ce sont les planches anatomiques de Léonard de Vinci qui ont captivé son attention et il a une réelle fascination pour les œuvres du physicien André Vésale.

            Sa passion pour le rouge pourpre de nos chairs dépecées est une manière de toucher à la quintessence. 

            Bertrand Flour incise avec son crayon un merveilleux et fragile épiderme.

            « J’aime disséquer la chair à l’aide d’un scalpel imaginaire. »

             « Observer les moindres nervures du corps humain est une extase infinie. »

             « Le corps humain est un amas de chairs vives. »

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« Art et Religion »

            Bertrand Flour est en proie au doute, et pourtant sensible aux « Pensées » de Pascal. Son cœur vibre en fonction de ses émotions ; rien ne le destine vraiment au message biblique si ce n’est la croix emblématique.

            « Ce signe religieux finit par me hanter alors qu'en moi rien ne vient du catholicisme. »

            « Mon être ne saurait vivre autrement que sans religion dans ce monde occulte où la lumière divine surpasse toutes formes de croyance. »

            « Dieu est la vérité absolue en tout être égaré. »

            « Mon être ne saurait se soumettre à l’autorité d’une religion. »

            « Vivre sans dogmatismes est un principe de liberté que mon être (esseulé) ne saurait transgresser sans perdre la foi. »

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« Art et Cosmogonie »

            Bertrand Flour aime sonder le noir cosmique : substance régénérative pour les êtres épris de spiritualité.

            Les franges de l’univers sont des cercles que le créateur – inspiré – loge dans une partie de son cerveau. Rien ne peut fausser son imagination débordante qui se gonfle de tant de matière originelle.

            Des mondes obscurs laissés au Poète (astre céleste).

             « Troublante sensation que celle du noir total épousant les songes. »        

             « Mon âme erre dans la volupté céleste. »

             « Ce noir éternel emporte nos âmes esseulées. »

             « Une sainte obscurité suinte à travers le néant. »

             « Toucher l’Éternel en sondant l’obscurité. »

             « Œuvrer dans le noir absolu comme si rien n’était plus fort que le néant. »

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« Art et Féminité »

            Bertrand Flour est captivé par la femme, surtout si elle devient sa muse. Cette déesse aux seins nus enivre son esprit en le berçant de désirs amoureux.

            Aphrodite et ses concubines ont tissé un fil doré autour de son être…

            « Son corps est une armure étincelante contre l’adversité que le Poète couvre de tendres baisers. »

            « Son cou en albâtre au mille parfums enivrants. »

            « Sa beauté en mon être subjugué me transporte à Cythère. »

            « Que de femmes à la beauté chatoyante qui troublent mon âme. »

            « Mon cœur épris de tant d’amour, de tant de beautés ! »

            « Œuvre divine aux contours inégalés. »

            « Ta chevelure est le plus scintillant des diadèmes. »

            « Son cœur serti de diamants brille au firmament. » 

 

            « Sa chevelure est un écrin aux reflets multicolores. »

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« Dessins »

 

            Une ligne (noire) discontinue (à peine visible) sur fond blanc, composée de traits et de points, cerne les contours du corps féminin qui est sujet à une interprétation poétique (aérienne) de la déesse Aphrodite que Bertrand Flour effleure avec une fine pointe en métal dont la qualité sous-tend l’imagination.

 

            Ces dessins volontairement épurés voire minimalistes au style décoratif sont empreints de musicalité comme si l’artiste lui-même tenait à signifier sa propre sensibilité à travers une vision onirique de la femme que le Poète, épris de sentiments amoureux, exhibe à la face du monde.

            « Une simple feuille de papier et un stylo à encre (noire) me suffisent pour représenter la beauté de Vénus en laissant divaguer mon imagination suivant une graphie comparable à certains tanagras. »

Dessin N°5103 - 2018  : « Buste de femme ».

Tanagra-Hellenistic period-Greek.

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« Parcours »

 

            Tourné vers l’imaginaire, Bertrand Flour, avant de devenir un véritable artiste en quête de sa propre identité, a puisé son inspiration chez bon nombre de peintres dits modernes, tels que Van Gogh, Gauguin, Dali, MiróPicasso, ModiglianiTanguy, Chagall, etc., mais sa plus grande fierté a été de faire ses premiers pas au côté de M. Marot (Professeur de dessin au Collège Chantenay – Nantes) qui lui enseigna la taille-douce « à titre gracieux » et lui permit à quinze ans de rentrer aux Beaux-Arts de Nantes dans l’atelier de gravure de Paul Guimezanes.

 

            C’est à la bibliothèque du Musée des Beaux-Arts de Nantes que Bertrand Flour, à l’aube de ses seize ans, se documente sur l’art pictural en lisant de nombreux carnets de peintres, dont ceux de Delacroix et de Léonard de Vinci. Désireux d’apprendre les rudiments du métier de peintre, il applique les « recettes » de Xavier de Langlais La technique de la peinture à l’huile et d’André Lhote Traité du paysage et de la figure, puis il élargit son univers à travers les écrits de Marc Havel La technique du tableau et de René Huyghe Formes et forces ; ensuite, il se réfère à ses « maîtres » aux Beaux-Arts de Paris.

 

            Visiteur assidu au Musée des Beaux-Arts de Nantes et de Paris, George de La Tour éveille en lui un fond de mysticisme, Philippe de Champaigne une surprenante austérité, Puvis de Chavannes une étrange sérénité : ainsi en son esprit, il modélise tel ou tel peintre. Giotto et Fra Angelico sont tous deux les références, incontournables, au commencement, mais ce sont les écrits de Cennino Cennini Traité de la peinture et de Théophile le moine Traité des divers arts qui furent à l’origine de son amour irrépressible pour la peinture.

 

            Patinir, Friedrich, Bruegel, Arcimboldo, Bosch… vinrent un à un le hanter dès sa prime adolescence ; or c’est en s’imprégnant de tant de chefs-d’œuvre que Bertrand Flour – au début des années quatre-vingt-dix – décide de se consacrer à l’art informatique (images) en prétextant que la peinture de chevalet n’est plus enseignée à sa juste valeur et ne reflète plus notre société.

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